À propos

Biographie Critique de Jack Kerouac de Gerald Nicosia ; c'est dans ce livre que j'ai trouvé cette idée de "croquis" applicable aux mots

Le Blog des Croquis est parti d’une idée d’un ami de Jack Kerouac ; c’est en lisant une biographie de lui que je suis tombé sur ce terme de « croquis ». Kerouac avait l’habitude de se balader toujours avec un ou plusieurs calepins sur lui, pour prendre des notes, des idées, des conversations attrapées à la volée, afin de remplir ses futurs livres. Un jour, alors qu’il déjeunait à côté de l’université de Columbia, cet ami lui dit, sûrement en le voyant avec un calepin à côté de lui : « Pourquoi tu ne fais pas tes croquis dans la rue, comme un peintre, mais avec des mots ? »

Et l’idée m’a plu. On imagine souvent le croquis, ou l’esquisse, comme l’ébauche presque floue qui servira pour un tableau ultérieur. Je le vois, transposé à l’écriture, comme une fin en soi. Le croquis permet de capturer des instants de vie – des conversations, des gestes, tout ce qui vit, qui bouge et qui surprend les sens – mais cette fugacité des instants capturés est contrebalancée avec la hauteur qu’il est possible de prendre avec la matière des mots. Ainsi, en écrivant en marchant, je suis toujours tiraillé entre cette phrase capitale de Kant : « La raison n’aperçoit que ce qu’elle produit d’après ses propres plans » – et mes impressions immédiates. Alors souvent je mélange les deux, n’hésitant pas à m’appuyer sur un peu d’histoire, ou même sur mes propres souvenirs.

Alors, puisqu’il me permettait à la fois d’écrire vite et de prendre des photos correctes, j’ai pris mon téléphone et je suis descendu dans la rue pour croquer.