Si l’on pouvait doter d’un visage un village

C’est cette route bien connue des vacanciers et des locaux. C’est celle qui commence ou qui finit dans les hauteurs cassidaines où le vent règne en maître. C’est celle où se mêle le limon de l’antique embouchure avec un calcaire que la force du vent semble faire vaciller et changer en tissu que je crois voir frémir. C’est le froid qui vous a pris soudain malgré la longue Avenue du REVESTEL qui faisait transpirer avant même que le printemps ne s’installe tout à fait. C’est le nez qui n’obéit qu’à lui dans ce mystère qu’on appelle rhume, qui nous guette quel que soit le temps ou la température. Et le blouson qu’il a fallu remettre et qu’il faudra retirer encore, sans doute.

Reptile moderne qui fait la joie et la peur des automobilistes. Paysages soufflés qui dévoilent, quand la roche ne cache pas tout, une prairie où paissent quelques moutons d’écume fâchés que le vent crée et dompte. Restanques où la lumière chevauche l’ombre à coups de symétries humaines. Vignes d’or encore endormies, et cette mer, toujours, qui fascine, plus marine encore par jour de vent, qui change, qui se précise à mesure qu’on descend en prenant garde à ne pas trop tirer sur les genoux, qui règne, tapis à franges royales, offerte à tous, tandis qu’ici les cimes des pins d’Alep qui moussent à leur manière viennent lui répondre ou la copier comme de grands élèves ébouriffés.

Je descends toujours, à l’abri des murs ; je laisse parfois passer une voiture au ralenti. Les acacias et nos visages se cuivrent et annoncent, pour les uns la fin de leur saison, et pour les autres, un été qui ne surprendra personne. –

Cassis. Comme toujours. Si l’on pouvait doter d’un visage un village, celui-ci vous sourirait toujours avec douceur. – Le parc impeccable. La pièce d’eau et sa fontaine obéissante. Quelques canards, quelques espèces que je crois rares, quelques pigeons plus fins que l’on ne pourrait croire et quelques tourterelles dont je savoure toujours ce cri qu’elles poussent quand elles s’apprêtent à toucher le sol. Elles se disputent à tire d’ailes quelques gâteaux secs qu’un homme a cru bon de jeter dans l’herbe. – Le port sous le regard ocre de la Citadelle. « Hello ! Les copains ? Je suis allée grignoter chez ma fille ». Elle s’est approchée du bar d’à côté. Il m’est facile de la changer en tourterelle elle aussi, malgré son déambulateur. Elle est chez elle. Ils sont tous chez eux. Comme ces barques, là, devant moi, qui jouent de la hanche et qui se dandinent. Des voisins de table lèvent leur verre, et je les entends clamer en plaisantant que la vie est trop dure.

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